Mars 2016
Doel est un village belge du XVIIème situé au bord de l’Escaut et au cœur des polders. Ce village était l’un des plus touristique du pays, de nombreux habitants des alentours y venaient le week end pour se balader près du vieux moulin et du port de plaisance ou encore pour visiter le Hooghuis, une maison qui a appartenu à la famille du peintre Rubens. A droite, voici à quoi le village ressemblait en 1920. En 1972, il comptait 1300 habitants.
Malheureusement, Doel s’est retrouvé coincé entre la plus grosse centrale nucléaire de Belgique et le deuxième plus grand port d’Europe. Ce dernier, souhaitant concurrencer le port de Rotterdam, lance en 1995 le projet d’un nouveau bassin à conteneurs. Pour le construire, il faut raser le village, les premières lettres d’expropriation arrivent dans les boîtes aux lettres fin 1998. Le village se vide alors d’année en année, en 2005, 400 personnes y vivent. Par la suite, il devient rapidement une véritable attraction touristique pour ses nombreuses maisons laissées à l’abandon, ses rues désertes et certains tags réalisés par des graffeurs renommés. Énormément squatté, les accès à la quasi totalité des maisons abandonnées sont condamnés.
Alors que de nombreux habitants acceptent de quitter les lieux, d’autres résisteront pendant plus de 20 ans pour que Doel ne soit pas sacrifié. Ils créent un comité d’action et multiplient les petites victoires à l’aide de recours et d’attaques judiciaires sur chaque projet touchant au village. Cette stratégie s’avère efficace puisque, fin 2018, il a été décidé que Doel ne serait pas détruit ou alors uniquement pour être entièrement reconstruit. Les 18 irréductibles habitants recensés en 2019 ont ainsi réussi à faire plier les responsables politiques de cette région si stratégique pour l’Europe. Le port d’Anvers de son coté accueillera les conteneurs supplémentaires en étendant simplement les quais existants.
